Au XIXème siècle les Viennet font appel à un architecte qui a fait ses preuves: Louis-Michel Garros.
à Raissac, Garros trouve une grande et sobre maison de maître du XVIIIème siècle, bâtie sur des fondations plus anciennes. Il la conserve pour l'intégrer dans un vaste édifice en forme de U, constitué par un corps de logis central avec deux ailes terminées par des tours.
Le registre architectural adopté est ici celui de l'époque classique, néo-XVIIIème siècle : une volonté d'asseoir un domaine devenu prospère dans le temps.
Construites elles aussi au XIXème siècle, les écuries du château frappent par leurs imposantes proportions, attestant de l'importance accordée à l'époque aux chevaux de selle et d'attelage. On peut y admirer aujourd'hui une collection de faïences du XIXème siècle, ainsi que des créations contemporaines de Christine Viennet.
LOUIS-MICHEL GARROS
L'architecte bordelais Louis-Michel Garros (1833-1911) inscrit son œuvre dans le contexte dynamique de l'architecture viticole dans le Médoc puis dans le Biterrois, durant la seconde moitié du XIXème siècle. Sa production féconde démontre qu'en satisfaisant aux exigences ostentatoires des propriétaires, il participe à la création de châteaux caractéristiques du vin dans ces deux régions. Garros obéit à un ensemble de codes nécessaires pour élever la demeure au rang de château noble et prestigieux et, par là, anoblir le cru du domaine. Le répertoire stylistique traduit clairement la démarche historiciste de l'architecte. Un éventail de formules tirées de l'histoire de l'architecture est mis à la disposition des châteaux viticoles: styles néo-gothique, néo-élisabéthain, néo-XVIIIème siècle… dont l´éclectisme connait un grand succès.
La conception du parc
Michel-Louis Garros forme fréquemment équipe avec les frères Bühler, paysagistes suisses, créateurs du Plateau des Poètes, à Béziers. Ce sont eux qui dessineront le Parc paysagé de Raissac comme ils ont réalisé le Jardin d´Acclimatation à Paris ou le Parc de la Tête d´Or à Lyon.
Ils imaginent à Raissac, des allées sinueuses donnant sur une pièce d´eau, grotte, serre et des espèces rares à l´époque comme des bambous, des magnolias à grande fleurs ou lauriers tulipiers…
LES FRÈRES BÜHLER
Eugène (1822-1907) et Denis Bühler (1811-1890), de famille protestante, sont nés à Clamart.
Denis, à la mort de son père, dut reprendre l´activité familiale de pépiniériste.
Eugène étudie l´architecture paysagée à L´Ecole d´horticulture de Versailles jusqu´à ce que tous deux s´installent à Paris où ils se lancent ensemble dans la réalisation de parcs et de jardins.
1842 leur premier chantier à Kernevez en Bretagne, est suivi de nombreux parcs dans cette région tel les châteaux de Combourg, Bonnefontaine, Briantais, puis Oberthür, Bois-Cornillé… Ils réaménagent le parc de la Tête d´Or à Lyon en 1857, celui du Domaine de la Grenade à Saint Selve en 1859, celui du château de Courson en Essonne en 1860, du Thabor à Rennes en 1868 et le jardin des Prébendes d´Oé à Tours en 1872, du collège St François de Sales à Evreux en 1883.
En cette fin du XIXe siècle commence leurs projets méridionaux et plus spécifiquement de l´Hérault. Ils dessinent les parcs du Domaine de Verchant, du Château de Raissac, de Libouriac et le Plateau des Poètes à Béziers vers 1880. Les parcs du Château de Brochon, Côte d´Or, en 1885, est suivi de celui de la Sallière en 1886 et le Parc bordelais à Bordeaux…
Les frères Bühler aimaient l´exotisme, l´harmonie et la rareté des espèces plantées dans leurs jardins paysagés.
Leur conception d'un jardin
Les frères Bühler raisonnèrent le tracé des allées dans les parcs et dessinèrent des courbes harmonieuses, car pour eux, la forme de l´allée elle-même est importante pour la beauté.
Ils étudient le relief et les accidents naturels du terrain qui fournissent les données principales du lieu- Les plantations constituent l´élément important de la composition de leurs décors.
Sur les gazons seront placées des espèces végétales rares bien mis en vue. Les arbres seront plantés selon leurs formes et leurs couleurs afin d´accentuer les perspectives. Les massifs à fleurs seront groupés près de l´habitation ayant pris soin de choisir des espèces communes de la région. La nature fournit les grandes lignes, mais la végétation n´obéit pas strictement aux lois naturelles. L´intervention humaine reste apparente. Le contour des massifs est arrêté par des lignes qui se rapprochent des formes elliptiques. Les pièces d´eau et les rivières constituent des accessoires indispensables à un grand jardin. Le tracé des cours d´eau, l´emplacement des pièces d´eau, les chutes, les cascades, les rochers, doivent être justifiés par des mouvements du sol et paraître aussi naturels que possible.
''Archétype du jardin paysager français vu par Alphand selon la conception de Jean-pierre Barillet-Deschamps (1824-1875)''